Trop souvent, les dirigeants politiques et économiques ignorent le contexte interculturel de leurs décisions et commettent de ce fait des erreurs graves.
Les premiers pas de l’actuelle présidence Trump en sont une illustration marquante.
En particulier, le leader américain n’a pas la même notion du temps que ses principaux interlocuteurs étrangers, et s’en tenir à la sienne est un sérieux handicap.

Sur la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine

Trump est pressé, car il s’est vanté de pouvoir obtenir un cessez-le-feu en quelques jours.
En face de lui, Poutine est dans le temps long, il a un dessein, visible depuis son accession au pouvoir il y a plus d’un quart de siècle (ce qui ne veut pas dire qu’il ait raison) : rétablir la verticale du pouvoir et l’empire russe. L’un est fébrile, l’autre poursuit inexorablement son chemin. Les deux sont dans le rapport de force, l’Américain par tempérament, le Russe par culture. Avantage à celui qui ne bluffe pas : Trump n’a jusqu’alors rien obtenu de probant.

Sur les droits de douane

Trump veut frapper un grand coup car il a promis leur reclassement aux populations modestes du Midwest victimes de la globalisation.
En face de lui, les Chinois ont une vision à long terme : redevenir l’Empire du Milieu, incluant Taiwan. Le président américain est un joueur de poker qui défie Confucius : en qui est la force ?
Trump s’affaiblit aussi en perdant la confiance de partenaires asiatiques pour qui la durabilité des relations est essentielle en affaires : « Ce n’est pas ce que l’on fait à un ami » déplore par exemple le premier ministre de Singapour.

Et l’Europe ?

Comme les Américains, les Européens de l’ouest ne voient pas stratégiquement au-delà de 5 ans. C’est plutôt dans la psychologie des négociateurs que se trouvent les différences culturelles.
Comme Trump, les Français sont dans le rapport de force. Ainsi, le président Macron appelle les grands patrons à ne plus investir aux Etats-Unis. Quand on s’engage dans un bras de fer, il faut être sûr de le gagner, sinon on se fait écraser. Qui a le plus de muscles ?
La première ministre italienne Meloni est beaucoup plus « furba », comme disent ses compatriotes (sans que ce soit péjoratif) : elle appelle au pragmatisme et cultive sa connexion avec le président américain.
L’Europe sera-t-elle capable de faire front commun ? Si non, Trump aura au moins réussi quelque chose (dans sa perspective).

En conclusion, plutôt que d’accuser le reste du monde, le président Trump ferait mieux de se pencher sur les maux américains, l’un étant le traditionalisme (contrairement aux idées reçues) :
Si par exemple les Américains achètent beaucoup plus de voitures européennes que vice-versa, ce n’est pas parce que les Européens sont « unfair », mais parce que les modèles US sont technologiquement dépassés.
Se protéger revient donc à s’enfoncer.
En réalité, le président américain est en train de scier la branche sur laquelle son pays est assis. Et cette branche s’appelle « immigration » : les 3/4 des brevets déposés par le top 10 des universités américaines les plus innovantes ont un inventeur né à l’étranger.
Les Etats-Unis ne peuvent vivre sans les talents venus d’ailleurs. C’est l’essence même de ce pays.

Sur la plate-forme GapsMoov, voir les gaps :
Entre plan et dessein.
Entre conflit et partenariat.
Entre perfectionnisme et contentement.

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