La presse française nous dit qu’Emmanuel Macron s’est rendu à Rome le 3 juin 2025 pour dissiper les tensions avec Giorgia Méloni. Comme s’il y avait de l’électricité dans l’air entre les deux personnages.
Mais nombre d’activités franco-italiennes connaissent ces orages : bataille de gouvernance chez Essilor Luxottica suite à la fusion de 2018, inquiétudes pour l’emploi dans les usines italiennes de Stellantis après la fusion PSA – FIAT de 2021, critique par le gouvernement italien du patron français de STMicroelectronics…Ce sont des faits.
En réalité, entre « cousins transalpins », si l’on a beaucoup de points communs, on subit aussi des différences culturelles difficiles à maîtriser :
En matière de négociation, les Italiens sont plus habiles (« furbi » dit-on à Rome, ce qui n’est pas une critique) que les Français : ces derniers ont tendance au conflit ouvert, les Italiens manœuvrant plutôt en conflit contourné.
Et si les deux peuples sont moins légalistes qu’opportunistes (contrairement aux cultures influencées par l’éthique protestante), les Italiens sont en général plus souples que les Français dans l’interprétation des règles.
En matière de gouvernance, les managers français et italiens ont du mal à responsabiliser vraiment leurs collaborateurs (en comparaison des Américains par exemple), mais les inclinations autocratiques sont plus marquées en Italie, en partie parce que c’est un pays de PME familiales très souples, versus les « gros paquebots » français.
Et si les Italiens décident avec pragmatisme, les Français ont tendance à s’enfermer dans des concepts, élégants mais pas forcément salutaires.
S’ajoutent des petites frustrations quotidiennes dans le management du temps : si 09 h 00, c’est 09 h 00 à Washington et Stockholm, à Paris c’est plutôt 09 h 15 et à Rome 09 h 30. Donc, un Français supportera aisément les 15 premières minutes de retard, mais râlera durant les 15 suivantes.
Les chamailleries peuvent escalader jusqu’aux sommets, quand Giorgia Meloni qualifiait
le franc CFA d’instrument colonial, ou quand des politiciens français traitent son parti de « postfasciste ».
Preuve que, de part et d’autre, il manque des débriefings de l’histoire.
Une collaboration franco-italienne doit donc être surveillée comme le lait sur le feu.
Sur la plateforme Gapsmoov, voir les gaps :
- Entre conflit et partenariat.
- Entre opportunisme et légalisme.
- Entre temps élastique et temps mesuré.