Qui êtes-vous ?
Séléna Castel, je suis enseignante en BUT GACO. Je suis agrégée d’économie gestion. Au sein du BUT, j’enseigne plusieurs matières, comme l’économie ou la comptabilité, l’outil de pilotage ou la finance, et j’enseigne également le commerce international.
Pourquoi est-ce important d’enseigner le management interculturel dans les écoles ?
Le management interculturel, c’est une partie du cours qu’on a intégré dans notre cours de commerce international pour justement permettre à nos élèves d’appréhender les différences interculturelles. C’est important parce que nos élèves, ceux qui continuent un master à 90 %, vont sûrement être amenés à travailler dans des grandes entreprises ou dans des PME françaises qui cherchent à être présentes à l’international, et donc ils vont être confrontés aux différences interculturelles et au management interculturel. Les différences interculturelles peuvent poser des problèmes aux entreprises françaises qui essayent de s’exporter, parce que ça peut être source d’incompréhension dans la relation avec eux, notamment tout ce qui est deadline, « pourquoi ils ne les respectent pas », « ce qui est la façon d’aborder les choses dans les différentes proximités qu’on peut avoir. »
Ça va leur permettre de prendre en compte ce qu’ils ont vu en cours, d’être plus ouvert, d’être plus attentif et d’avoir, même sans avoir échangé avec par exemple la Chine, d’avoir un aperçu de qu’est-ce qui se fait en Chine, comment se comportent les Chinois lors d’une négociation, qu’est-ce qui est important pour eux, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire avec eux.
Quel est votre retour d’expérience GapsMoov ?
On commence le cours de commerce international pour la dimension interculturelle par une étude des auteurs comme Hall, Trompenaars et Hofstede.
On va étudier les différentes dimensions qui sont mises en avant par ces auteurs et on va les définir et citer des pays qui sont dans l’extrême. Ça reste extrêmement théorique pour les élèves et quand c’est des pays qu’ils ne connaissent pas, ils ne savent pas vraiment sur quels pieds danser, ils ont l’impression parfois qu’on récite des clichés, mais voilà, je vais souvent avoir cette phrase d’élèves, « ah non, mais les Indiens, ils ne sont pas tous comme ça ». Ils ne comprennent pas en fait le côté national, partagé.
Et en fait, après ce cours là, je leur demande d’aller sur GapsMoov et de faire leur test de positionnement culturel que vous proposez. Ils voient en fait comment les scores GapsMoov a été fait.
Là, déjà, la première surprise qu’ils vont avoir, c’est en général, ils n’ont pas la France en tant que pays qui leur ressemble le plus. Les générations les plus jeunes ont tendance à adopter certains signes, certaines caractéristiques américaines.
Ensuite, je leur demande de comparer pour le quiz qu’on va faire pour l’évaluation, la France avec la Chine, la France avec l’Inde et la France avec les États-Unis qui sont pour l’heure actuelle les pays à plus fort potentiel commercial pour les entreprises françaises. Et donc là, ça leur permet de mettre en pratique, avec les vidéos que vous proposez, les différents critères qui avaient été identifiés par les trois auteurs que j’ai cités avant.
Le retour d’expérience de vos étudiants
Ils ont adoré utiliser le logiciel, ils trouvent ça interactif. Moi, par contre, je les oblige à répondre en anglais aux questions.
Ça ne leur plaît pas, mais en fait, le management interculturel vu en français, ça n’a vraiment aucun sens. Ça leur plaît de faire le test, ça leur permet de se définir eux-mêmes, s’ils sont plus comme ça ou plus comme ça. Et après, ils aiment beaucoup aller fouiller, pour regarder plein de pays dans la liste qu’ils connaissent pour voir c’est lequel qui est le plus comme ça, à chercher un extrême.
Et ils aiment bien le format vidéo, ça leur plaît de regarder des vidéos. C’est en anglais, mais du coup, ils mettent les sous-titres. Vous les avez en français, mais moi, je leur demande de les mettre en anglais.
Racontez-nous un choc culturel vécu
Avant d’être professeur, j’ai travaillé pour l’entreprise Hurgo, et j’étais basée à Singapour. J’étais cheffe de produit. Et dans ce cadre-là, on a travaillé avec l’Inde, qui était une filiale d’Hurgo.
Et à plusieurs reprises, quand on faisait un point avec mon équivalent, donc chef de produit en Inde, j’avais beaucoup d’incompréhension culturelle de ma part. Notamment, je trouvais qu’il avait tendance, quand je lui posais une question et qu’il n’avait pas la réponse, ou que la question était un peu engageante, quand je lui disais « pourquoi les chiffres ne vont pas bien », il me faisait un monologue pendant 45 minutes sur un autre sujet. Et en fait, ça correspond à pas mal de choses d’un point de vue interculturel, notamment cette distance hiérarchique forte qui est identifiée qu’on retrouve sur votre logiciel GapsMoov, et qui fait qu’en fait, on ne peux pas décevoir le boss.
On ne peut pas décevoir non plus le client. Donc, on a tendance à dire oui, même si on a conscience que ce ne sera pas fait.
Et on a tendance aussi à chercher à se mettre en avant pour pouvoir impressionner l’autre, le boss, ou dans ce cas-là, un équivalent hiérarchique. Alors que dans d’autres cultures, on aurait dit non, je ne sais pas, je n’ai pas les chiffres. Ou oui, c’est vrai, ce n’est pas atteint.